Régulièrement j’écris aux établissements scolaires de mes enfants. Pourquoi ? Quel est le but de cette démarche ? Disons plutôt les buts car il y en a plusieurs.
À chaque fois (ou presque) que je remarque un problème, une injustice, une incohérence, un non-respect de la loi, je réagis par l’envoi d’un courriel. Pourquoi ?
- Faire sentir ma vigilance en tant que parent. Beaucoup de parents ne réagissent pas bien souvent car ils pensent que « de toute façon, c’est comme ça, on n’y changera rien », etc.,
- Pour garder une trace écrite des évènements,
- Pour qu’à aucun moment ceux à qui sont confiés nos enfants quand ils sont à l’école puissent se réfugier derrière des arguments comme « oui, mais on ne savait pas ».
- Démontrer la difficulté voire l’impossibilité d’exercer ses droits en tant que parent, notamment le droit à l’information
- Mettre en lumière le processus de privation d’autorité parentale actuellement en cours
Prenons un exemple :
Dans l’école de mes enfants, j’avais alerté en 2020 le procureur de la République sur des faits de violences verbales et physiques, de racket et un fait de violence physique du directeur sur un enfant rapportés par mes enfants et d’autres. Une enquête avait été ouverte mais très rapidement classée sans suite. Je suis personnellement convaincu que le directeur de cette école est fatigué. Il est d’ailleurs fréquemment en arrêt maladie. Je pense que cet homme usé par un métier certes difficile en arrive à faire passer l’intérêt de nos enfants au second plan. Je pense qu’il est négligeant et qu’il serait plus à sa place dans une maison de repos que dans une école, responsable de l’éducation et de la sécurité des nos enfants. Ayant compris cela, je suis extrêmement vigilant.
Cette année, un système de « jokers », de récompenses donc, a été mis en place. Les enfants ont décidé eux-mêmes des avantages procurés par ces « jokers ». Sur une des cartes « jokers » il a donc été inscrit « venir à l’école en pyjama » sur proposition d’un élève. En cours d’année, un enfant a gagné ce « joker ». Il a donc proposé à toute la classe de venir à l’école en pyjama. Le lendemain 12 élèves sur 24 se sont présentés en pyjama…
Suite à cet évènement, j’ai adressé un courriel au directeur et à l’inspecteur de circonscription leur faisant remarquer que cela me semblait contraire au règlement intérieur de l’école qui mentionne que les enfants doivent se présenter à l’école habillés de façon correcte (ce qu’il conviendrait d’ailleurs de préciser).
Mais surtout, j’en ai profité pour attirer leur attention sur un autre point du règlement intérieur. Voici ce que j’ai écrit.
« Je profite de ce courriel pour vous demander ce que vous entendez exactement, en matière de sécurité de nos enfants, par « Les élèves de primaire … peuvent partir de l’école non accompagnés » ? Est-ce que je dois comprendre que vous écrivez noir sur blanc que si des parents ne se présentent pas à la sortie des cours, vous allez laisser partir seuls des élèves dont les âges varient entre 3 et 12 ans environ ? Je suis extrêmement choqué de lire ça. J’attends là aussi des explications et demande à ce que le règlement intérieur soit modifié.«
Je n’ai reçu aucune réponse de leur part. Dans un courrier qui tendait vraisemblablement à me dissuader de continuer à poser des questions, et dans lequel il répondait (sans répondre vraiment) sur d’autres points, l’Inspecteur d’Académie (IA-DASEN) a écrit ceci :
« Le 9 janvier 2023, vous interpellez de nouveau l’équipe enseignante sur le règlement intérieur de l’école.«
Pour une meilleure compréhension, je précise le contexte. Nous sommes à la campagne et il y a ce qu’on appelle un regroupement pédagogique entre deux communes. Par conséquent, une majorité des élèves se rendent à l’école en bus. Le bus les laisse sur le parking de l’école. Le matin, ils montent des escaliers en haut desquels ils trouvent le portail de l’école ouvert sans que personne ne soit là pour les accueillir. Le soir c’est pareil dans l’autre sens. A la fin des cours, un enseignant ouvre le portail, laisse les enfants se rendre au bus tout seuls et fait demi-tour pour rentrer dans l’école. Voilà donc ce sur quoi j’ai « interpellé de nouveau l’équipe enseignante ». En écrivant cela le DASEN avait l’air agacé…
Oui mais… par un beau matin du mois de mai, en descendant du bus, une élève, au lieu de monter à l’école, a fait une fugue !
D’après les témoignages des enfants et le courriel qui nous a été envoyé le soir même par le directeur, on comprend qu’ils sont partis à la recherche de l’enfant eux-mêmes, qu’ils l’ont retrouvée plus ou moins rapidement, qu’elle a été « prise en charge » par sa mère qui est venue la récupérer à l’école et que ni les gendarmes ni les services sociaux n’ont été prévenus. L’année dernière une autre élève de la classe du directeur avait fugué de manière similaire.
Estimant que nos enfants étaient en danger alors que j’avais prévenu du danger, j’ai déposé plainte contre le directeur, l’inspecteur de circonscription et le DASEN pour « mise en danger de la vie d’autrui avec manquement délibéré à une obligation de sécurité ».
Si je n’avais pas préalablement écrit au sujet du règlement intérieur, j’aurais pu le faire aussi mais je n’aurai pas eu autant de preuves.
Là, j’ai montré que :
- les parents sont vigilants,
- j’ai des traces écrites qui attestent du fait qu’ils ont été prévenus
- ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas qu’il y avait un danger
À un moment, ça suffit, quand leur on confie nos enfants, ce qui est plus ou moins obligatoire, soit dit en passant, on espère un peu plus de sérieux de la part des établissements scolaires. Voilà la raison de mes démarches et les faits relatés ici n’en sont qu’un exemple.