Voici un extrait d’un article de Elaine Larochelle, professeur au Collège François-Xavier-Garneau de Québec, paru en 2006 à retrouver dans son intégralité ici : https://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de-philo-histoire/105216/le-devoir-de-philo-huxley-et-notre-societe-hypersexualisee
On y apprend qu’avoir un « copain de baise » à l’école et s’interroger sur la pertinence de lui envoyer une photo de sa vulve n’étaient pas des phénomènes anecdotiques pour une fillette de neuf ans en 2006 au Québec… Qu’en est il aujourd’hui en France à l’heure ou l’Éducation Nationale insiste lourdement pour sexualiser la jeunesse ? Le débat est ouvert.
Un article de Marie-Andrée Chouinard (Le Devoir, 16 et 17 avril 2005 https://www.ledevoir.com/societe/education/79553/ados-au-pays-de-la-porno) nous apprend que «dans les écoles, la mode est au fuck friend et [que] ce copain de baise n’a pas besoin d’être unique: on peut le multiplier sans engagement amoureux». On mentionne que les trips à trois sont monnaie courante chez les jeunes adolescents et qu’on a rencontré «une fillette de neuf ans s’interroger candidement sur la pertinence d’envoyer à son nouveau petit copain une photo… de sa vulve». Ces phénomènes n’auraient rien d’anecdotique, selon les spécialistes.
Surexposition du corps féminin, sexualité dépourvue de signification, sexualisation de l’enfance: comment ne pas penser au livre Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley? Dans ce monde, les activités sexuelles des enfants sont considérées non seulement normales mais également souhaitables. Ils reçoivent un enseignement hypnopédique de «sexe élémentaire», on rencontre un petit garçon de sept ans et une petite fille de huit «s’amusant à un jeu sexuel rudimentaire» et des centaines d’enfants rassemblés prenant part «à des jeux de construction et de modelage, au zipfuret et à des jeux érotiques».
Si notre monde représente l’enfant comme un «adulte sexuel miniature», Huxley, lui, pousse cette image jusqu’à la renverser. Selon lui, la précocité sexuelle provoquée ainsi que l’accès facile à la sexualité font en sorte que les adultes demeurent des enfants aux niveaux émotif et moral: «Des adultes, intellectuellement et pendant les heures de travail, […] des bébés en ce qui concerne le sentiment et le désir.» La sexualisation précoce rendrait donc la maturité et l’autonomie, sinon impossibles, du moins très difficiles et du coup extrêmement rares.